Hormonothérapie
Hormonothérapie
L’hormonothérapie a pour but de bloquer la production ou les effets des hormones produites principalement par les testicules (la testostérone et la dihydrotestostérone (DHT)). On y a recours pour tenter de freiner le cancer ou pour atténuer la douleur liée aux métastases ou les symptômes urinaires (traitement palliatif).
Votre médecin vous a recommandé une hormonothérapie pour traiter votre cancer de la prostate? Cette capsule est pour vous! En matière de traitement hormonal, vous gagnez à vous informer pour bien comprendre la situation. Regardons-y de plus près ensemble.
Pourquoi et pour qui
Des hormones appelées androgènes (qui comprennent la testostérone et la DHT) contribuent à la croissance des cellules cancéreuses de la prostate. L’hormonothérapie est utilisée pour combattre le cancer de la prostate. Elle agit en empêchant votre corps de sécréter ou d’utiliser ces hormones, ce qui freine la croissance et la propagation de votre cancer. L’hormonothérapie traite votre corps entier plutôt que de cibler seulement votre prostate.
On peut administrer l’hormonothérapie
- Comme traitement principal d’un cancer de la prostate de stade avancé ou récidivant.
- Avant, pendant ou après la radiothérapie dans les cas de cancer de la prostate à risque élevé et dans certains cas de cancer à risque intermédiaire.
- Pour soulager la douleur ou maîtriser les symptômes d’un cancer de la prostate de stade avancé (traitement palliatif).
Les approches les plus fréquemment utilisées et modalités
- Des médicaments sous forme d’injection qui bloquent la production de testostérone par les testicules.
- Des médicaments oraux qui empêchent les cellules du cancer de la prostate d’utiliser la testostérone ou qui réduisent la quantité de testostérone que le cancer de la prostate peut utiliser pour sa croissance.
- Une intervention qui consiste à enlever les testicules, qui produisent la majorité de la testostérone dans le corps (pour maintenir l’apparence, des testicules artificiels peuvent être insérés lors de l’intervention).
Bien que ces traitements puissent aider à soulager vos symptômes, ils ne conduisent pas à la guérison. Par contre, étant donné qu’ils agissent sur votre corps entier, ils peuvent aider à ralentir la croissance de votre cancer, peu importe à quelles parties du corps les cellules cancéreuses se sont propagées.
Est-ce pour vous
L’hormonothérapie vise à abaisser la quantité d’androgènes (hormones mâles) qui circulent dans votre organisme et à ralentir la croissance de votre cancer de la prostate. Elle atteint ce but en bloquant la production de testostérone ou en bloquant les signaux de votre cerveau qui commandent aux testicules et aux glandes surrénales (des sécréteurs d’hormone) de produire de la testostérone.
Les hormones mâles portent le nom d’androgènes. La testostérone, l’hormone responsable du développement des caractéristiques sexuelles mâles, est produite surtout par vos testicules et en quantité moindre par vos glandes surrénales.
La testostérone stimule la croissance de votre prostate. Les cellules cancéreuses qui peuvent se développer dans votre prostate sont également stimulées par votre testostérone pour croître. On a principalement recours à l’hormonothérapie lorsque les premiers traitements échouent, notamment la prostatectomie radicale ou la radiothérapie.
L’hormonothérapie se révèle également utile lorsqu’un patient ne peut subir une intervention ou une radiothérapie ou qu’il refuse de les subir. À l’occasion, elle peut être combinée à un autre traitement, comme la radiothérapie.
Qui peut avoir une hormonothérapie?
Le type d’hormonothérapie employée, les doses administrées ainsi que les horaires suivis varient d’une personne à l’autre.
- Les hommes dont le cancer est de retour après un autre type de traitement (p. ex., radiothérapie ou intervention chirurgicale) ou chez qui le risque de retour du cancer après ces traitements est élevé
- Les hommes n’étant pas des candidats qui se qualifient pour la chirurgie, la radiothérapie ou la curiethérapie
- Les hommes dont le cancer de la prostate s’est propagé hors de la prostate et a envahi a d’autres parties du corps (cote N1 OU M1)
- Les hommes atteints d’un cancer très avancé, comme façon de le maîtriser et de gérer les symptômes
Hormonothérapie néoadjuvante (avant un traitement)
Il arrive qu’une hormonothérapie soit recommandée quelques mois avant votre radiothérapie externe ou votre curiethérapie pour réduire la taille de votre tumeur. Cela la rend plus facile à irradier. C’est ce qu’on appelle une « hormonothérapie néoadjuvante ». On ne recommande pas une hormonothérapie avant une prostatectomie radicale.
Hormonothérapie adjuvante (après un traitement)
L’hormonothérapie dite « adjuvante » est celle que l’on vous administre après une radiothérapie ou après une prostatectomie radicale. Le médecin y a recours lorsqu’il estime (en raison de votre grade, de votre stade et de votre taux d’APS) que des cellules cancéreuses peuvent être disséminées dans votre organisme.
Cela ne signifie pas que vous avez des métastases, mais qu’il y a risque de récidive si des cellules isolées, souvent indécelables, demeurent dans votre organisme. La durée sera de 4 à 6 mois pour un risque intermédiaire de récidive et de 2 à 3 ans pour un risque élevé de récidive.
Hormonothérapie concomitante (durant un traitement)
L’hormonothérapie dite « concomitante » est celle que l’on vous administre durant un traitement, tel une radiothérapie dans les cas de cancer de la prostate à risque élevé et dans certains cas de cancer à risque intermédiaire.
Hormonothérapie intermittente
L’hormonothérapie est interrompue lorsque le taux de l’APS diminue et se stabilise. Elle reprend lorsque le taux d’APS recommence à augmenter, ce qui peut prendre plusieurs mois et parfois même des années. Le traitement par intermittence a théoriquement l’avantage de permettre au patient de retrouver une activité sexuelle « normale » et de faire disparaître les effets secondaires pendant les périodes sans médicament.
Le mieux est d’en parler avec son médecin.
Facteurs justifiant ce choix
On considère que l’hormonothérapie peut ralentir la croissance du cancer de la prostate, mais ne peut le guérir. Lorsqu’un cancer est avancé, elle constitue un excellent moyen de contrôle pour la douleur.
Par contre, la durée de son efficacité varie selon les patients. De 70 à 85 % des hommes qui la reçoivent réagissent au traitement pendant un certain temps. Chez certains, le répit peut durer plus de 10 ans alors que chez d’autres, il durera moins d’un an.
Questions à mon médecin
Nous vous invitons à consulter notre page Questions à poser à votre médecin et votre équipe de professionnels de la santé concernant l’hormonothérapie. Poser des questions ouvrira la communication, fournira des informations adaptées à votre situation et diminuera le stress lié à la compréhension de ce traitement.
Pour traiter le cancer de la prostate, l’hormonothérapie offre de nombreuses possibilités. Différentes molécules ou associations existent. Si toutes agissent de la même manière (castration chimique), elles n’ont pas les mêmes effets secondaires.
Les trois principaux types
Il existe trois principaux types d’hormonothérapie pour le cancer de la prostate.
- Les injections ou des implants pour arrêter votre production de testostérone
- Les comprimés pour bloquer les effets de la testostérone
- La chirurgie, appelée une orchidectomie, pour enlever vos testicules
Les types d’hormonothérapie les plus fréquemment utilisés dans le traitement du cancer de la prostate sont:
- Les analogues de l’hormone de libération de la lutéinostimuline (LH – RH)
- Les antagonistes de l’hormone de libération de la lutéinostimuline (LH – RH)
- Les anti-androgènes
- L’œstrogènes
- L’ablation chirurgicale des testicules (orchidectomie)
Les Analogues (ou antagonistes) de la LH-RH
Pour faire une hormonothérapie avant ou après votre traitement, le médecin administre surtout des analogues (ou antagonistes) de la LH-RH.
Ces médicaments empêchent vos testicules de produire de la testostérone (qui nourrit le cancer de la prostate). En faisant cesser la production de testostérone, on réduit la taille de votre tumeur et de votre prostate.
Comment on l’administre
Le médicament est administré par injections régulières. Selon le médicament, l’injection peut être donnée tous les mois, ou tous les 3, 4 ou 6 mois. Dépendant de la situation, ce traitement peut être donner en continue pour le restant de votre vie ou donné de façon intermittente selon la réponse de votre cancer.
Les analogues de la LH-RH les plus couramment utilisés sont:
- leuprolide (Lupron, Lupron Depot, Eligard)
- goséréline (Zoladex)
- buséréline (Suprefact)
- triptoréline (Trelstar)
L’antagoniste de la LH-RH est:
- dégarélix (Firmagon)
Les Anti-androgènes
Les anti-androgènes agissent en bloquant les effets de la testostérone sur vos cellules cancéreuses de la prostate. Le médicament se fixe aux récepteurs des androgènes situés sur les cellules cancéreuses de votre prostate et les empêche ainsi d’utiliser la testostérone présente dans votre circulation sanguine.
On peut vous administrer des anti-androgènes pendant une courte période si vous prenez des analogues de la LH-RH afin d’atténuer une réaction de flambée tumorale, causée par les analogues.
Comment on l’administre
Les anti-androgènes peuvent être pris par voie orale sous forme de comprimés ou de liquide.
- En monothérapie
- Avant de faire des injections ou implants
- En même temps que des injections ou implants
- Après la chirurgie pour enlever les testicules (orchidectomie).
Les types les plus courants sont:
Les Œstrogènes
Les œstrogènes sont des hormones femelles qui baissent le taux d’androgènes. Ils ne sont plus utilisés à cause des problèmes cardiovasculaires qu’ils provoquaient.
L’Orchidectomie
L’orchidectomie est une forme d’hormonothérapie qui consiste à enlever les testicules. Il s’agit d’un traitement radical puisque la concentration en testostérone peut baisser de 90 à 95%. Cette intervention est aussi connue comme une « castration chirurgicale ». Cette intervention se fait sous anesthésie régionale dans le cadre d’une chirurgie d’un jour.
Avantages de l’hormonothérapie
- C’est un traitement efficace pour le cancer de la prostate.
- Elle peut traiter le cancer de la prostate, peu importe où il se trouve dans votre corps.
- Elle peut être utilisée avec d’autres traitements pour les rendre plus efficaces.
- Elle peut aider à réduire certains des symptômes du cancer de la prostate avancé, tels que les symptômes urinaires et les douleurs liées aux métastases.
Désavantages de l’hormonothérapie
- Elle peut causer des effets secondaires qui pourraient avoir un grand impact sur votre vie quotidienne.
- Certains effets secondaires, telle l’augmentation mammaire, sont permanents.
- Utilisé seule, l’hormonothérapie ne guérit pas le cancer, mais elle peut le garder sous contrôle, parfois pendant plusieurs années.
- Son efficacité peut être d’une durée limitée variable selon les patients.
Les risques et complications de l’hormonothérapie
L’hormonothérapie médicamenteuse a révolutionné la prise en charge des cancers hormonodépendants. Mais le traitement, qui peut durer plusieurs années, entraîne souvent des effets indésirables nécessitant une prise en charge et un accompagnement adaptés.
- Les effets secondaires peuvent se manifester n’importe quand au cours de votre hormonothérapie. Certains se produisent pendant le traitement, d’autres tout de suite après ou quelques jours et même quelques semaines plus tard.
- La plupart disparaissent une fois l’hormonothérapie terminée. Des effets tardifs peuvent se manifester des mois voire des années après le traitement. Certains effets secondaires peuvent durer un long moment ou être permanents selon la durée de votre traitement.
- Il est important de signaler tout effet secondaire à votre médecin. Il peut évaluer (mesurer) la gravité de certains d’entre eux. Il arrive parfois qu’on doive ajuster la dose administrée si les effets secondaires sont importants.
Court – Moyen terme
Les effets secondaires possibles, communs aux différents types d’hormonothérapie, sont les suivants:
- Baisse de la libido
- Troubles de l’érection
- Bouffées de chaleur
- Prise de poids et perte de masse musculaire
- Gonflement et sensibilité des seins (gynécomastie)
- Fatigue
- Irritabilité
Long terme
L’usage à long terme (plus d’un an) peut entraîner les effets suivants:
- Anémie
- Diminution de la masse osseuse (ostéoporose)
- Changements des caractères masculins (p.ex. une diminution de grosseur des testicules)
- Possible augmentation du risque de troubles cognitifs (concentration, mémoire) ou de l’humeur (dépression)
- Augmentation du risque de maladie cardiovasculaires (infarctus, ACV, etc.)
- Augmentation du risque de développer un syndrome métabolique (diabète, dyslipidémie, obésité, hypertension, etc.)
Les résultats
L’hormonothérapie ne guérit pas le cancer de la prostate, mais il est maîtrisé. Vous pouvez donc vivre plus longtemps et conserver une bonne qualité de vie. Cela varie en fonction de chaque cas parce qu’il faut tenir compte du grade diagnostiqué de la tumeur, de son stade de dissémination et du taux d’APS avant le traitement.
Le dosage de l’antigène prostatique spécifique (APS), effectué régulièrement – tous les trois à six mois – et, occasionnellement, le toucher rectal, permettent à votre médecin de surveiller votre état. Plus le taux chute, meilleures sont les chances que le cancer soit maîtrisé.
Toutefois, on ne visera pas tant un taux d’APS de 0 ng/mL qu’une stabilisation de ce taux (si vous avez aussi subi une prostatectomie radicale, l’APS devrait être indécelable). Tant qu’il reste stable, tout va bien.
Récidive
À chaque consultation, une prise de sang permet à votre médecin de surveiller votre taux d’APS. Si le taux d’APS se met à monter, le médecin surveillera combien de temps il lui faut pour doubler. Plus cette période est courte, plus les risques d’une récidive sont élevés et plus cette récidive sera agressive. Le cancer de la prostate sera alors devenu un cancer résistant à la castration (connu autrefois comme hormonoréfractaire). Le cas échéant, il faut se tourner vers d’autres traitements.
L’article suivant Vous ne répondez plus à l’hormonothérapie et n’avez pas de métastases? vous donnera quelques pistes en ce qui à trait à la suite des choses.
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Les effets secondaires
Peu importe le traitement du cancer de la prostate, il est toujours possible que certains effets secondaires se produisent. Cependant, ils n’affectent pas toutes les personnes; si c’est le cas, chacune ne les ressent pas de la même façon. Les effets secondaires de l’hormonothérapie dépendent surtout des éléments suivants:
- Votre type d’hormonothérapie (chirurgie ou médicaments)
- Le type de médicament utilisée et la duré de traitement
- Votre état de santé général
Ces effets indésirables, bien que transitoires, peuvent être difficiles à gérer, et certains patients sont alors tentés d’arrêter le traitement. Toutefois, il est important de garder à l’esprit l’impact thérapeutique majeur de l’hormonothérapie. De plus, il existe le plus souvent des moyens pour soulager ces maux et aider le patient à les surmonter. Pour en savoir davantage, consultez notre section sur les effets secondaires liés à l’hormonothérapie
Il ne faut surtout pas hésiter à parler de tous vos effets secondaires avec votre médecin lors de vos visites de suivi.
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Sources et références
Dernière révision médicale et éditoriale: janvier 2024. Voir notre comité de valiation de nos pages Web et nos collaborateurs en cliquant ici.